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Pourquoi les réveils nocturnes et insomnies en sevrage ?

 

 

Si nous dormons si mal en sevrage de dermocorticoïdes, ce n’est pas que l’envie de gratter ou la transpiration qui sont en cause. Voyons ce qui se passe dans notre corps.

 

En sevrage, il y a tout ce l’on voit, surtout le côté cutané très handicapant (autant physiquement que moralement) et ce que l’on ne voit pas, ce qui se passe à l’intérieur. Nous sommes tellement sensibles pendant la période du sevrage qu’un rien nous perturbe. Le sommeil en est très touché, ce qui donne un cercle vicieux entre la fatigue et le moral. 

 

 

Alors que se passe-t-il ?

 

Nous l’avons développé dans notre article Histoire de la cortisone, la cortisone de synthèse imite le cortisol, une hormone qui se trouve naturellement présente dans le corps et qui est produite par les glandes surrénales, situées juste au dessus des reins. Les traitements à base de cortisone pris sur le long terme affaiblissent les glandes surrénales. 

 

En gros, le corps devient « feignant » tant le système est boulversé et ne produit plus assez d’hormones, dont celle du cortisol. On parle d’insuffisance surrénale. Or s’en suit des effets secondaires comme la fatigue, déshydratation, troubles digestifs, problèmes de peau…

 

Malheureusement, il n’existe pas vraiment de remède naturel pour stimuler les surrénales et lorsqu’elles sont affaiblies, elles mettent parfois des mois avant de re-fonctionner. D’où l’importance d’un sevrage dans le cas des dermocorticoïdes ! Parlez-en avec votre médecin de confiance.

 

 

Pistes et raisons du mauvais sommeil en sevrage :

 

 

– Le cortisol :

 

Revenons à notre taux de cortisol, il varie en fonction des heures du jour et de la nuit. Alors, ça sert à quoi cette chose ? 

 

Entre autres rôles, le cortisol a des effets sur les défenses immunitaires et sur l’inflammation, c’est un mécanisme de défense du corps. C’est aussi l’hormone du stress. Dans notre cas de sevrage, le corps est en manque. Donc plus le cortisol sera bas et plus le corps va s’affoler. Il est maximal le matin entre 7h et 9h, c’est pour cela que nous dormons bien mieux à ces horaires en Rss, il diminue ensuite tout au long de la journée pour être bas : la nuit ! 

 

Le taux de cortisol est au plus bas en deuxième partie de nuit (2h/5h du matin), raison pour laquelle les douleurs inflammatoires sont réactivées et plus importantes (cela vaut aussi pour une rage de dent par exemple), provoquant ces fameux réveils nocturnes… et insomnies car le corps se réanime en se grattant, se levant, etc. 

 

En gros le corps a ses propres défenses pour l’inflammation et l’un des remèdes, comme dit précédemment, se trouve dans les glandes surrénales. Ces dernières sécrètent ce fameux cortisol, qui est fabriqué à partir du cholestérol et a, entre autres, une forte action anti-inflammatoire. C’est à dire ce que l’on recherche. Mais la prise de cortisone sur le long terme bloque malheureusement les glandes surrénales. 

 

La bonne nouvelle c’est que tout cela devrait finir par se remettre à fonctionner après un certain temps. Nous espérons sans séquelles. C’est là une des raison, entre autre, d’un TSW (topical steroid withdrawal). C’est pour cela qu’il faut de la patience et que le temps devient le meilleur remède dans la santé. Il est important toutefois d’effectuer souvent des analyses pour savoir comment évolue votre taux de cortisol dans le corps.

 

– Le foie :

 

On sait par ailleurs que le sevrage réagit en fonction de la nourriture consommée. Pour cette raison, beaucoup essayent des régimes évitant le gluten, sans produits laitiers, sans caséine, sans sucre raffinés ou sucres tout court, sans histamine, etc… car tous ces aliments sont identifiés comme hyper inflammatoires. Attention toutesfois aux évictions alimentaire, faites vous suivre pour éviter les carences. 

 

De plus, nous sommes facilement allergiques et intolérants à tout en sevrage car tellement affaiblis. Le café ou l’alcool sont aussi très inflammatoires. La nourriture touche notre foie et une mauvaise alimentation ne l’aide pas. Il pourrait y avoir un lien avec les réveils nocturnes en Tsw car le foie la nuit venue, appelle le sang et élimine les déchets. 

 

Il faut voir le corps comme une immense poubelle qui traite ce qu’on ingurgite, respire ou applique sur la peau en permanence. Le corps essaye de rejeter les déchets par n’importe quels moyens pour se détoxifier et comme notre système digestif est complètement troublé par la cortisone, il les évacue par la peau… C’est pour ça que les detox sont d’ailleurs déconseillées en sevrage. 

 

– Les poumons :

 

 La nuit est aussi importante pour les poumons puisque eux aussi prennent le relai. Ils sont chargés de bien répartir l’énergie et le sang dans le corps ainsi qu’approvisionner tout l’organisme en oxygène. Ça en fait du raffut pour celui qui essaye de dormir ! En plus de l’énergie, de la respiration et du nez, cet organe s’occupe de gouverner : la peau. Il régule l’ouverture et la fermeture des pores ainsi que la diffusion des liquides organiques. 

 

Ainsi la transpiration (abondante ou en manque) ou l’état de la peau (sèche ou humide) est un bon indicateur de l’état de vos poumons. D’ailleurs, lorsqu’on a de l’eczéma il est dit que l’asthme fait souvent la paire. Et si c’était l’effet des dermocorticoïdes qui affaiblissaient encore plus nos poumons ? L’asthme est parfois soigné à l’aide d’inhalateur à la cortisone, ce qui finit par devenir un cercle vicieux ! Les poumons qui réchauffent normalement la peau et préviennent des facteurs pathogènes extérieur, ont du mal à assurer leur rôle en étant affaiblis. Et si la diffusion est mal répartie, on peut par exemple facilement prendre froid ou avoir les extrémités froides. Ce qui nous emmène à notre dernier point.

 

– La thermorégulation :

 

Qui dit RSS, dit le plus souvent problème de thermorégulation. On a soit excessivement chaud tout le temps, soit on est complètement gelé même à 30 degrés à l’ombre. Cela diffère d’une personne à une autre et peut varier au cours du sevrage. Avoir des problèmes de thermorégulation veut dire que notre corps n’arrive plus à maintenir sa température interne normale. Cela crée un déséquilibre entre les apports et les pertes de chaleur. 

 

Si c’est foncièrement pénible de grelotter en combinaison de ski en plein été, le sevrage s’accompagne souvent de grosses sueurs (souvent nocturnes) dues à cette même thermorégulation. Tiens tiens, vous avez dit la nuit ? Et oui et on sait combien c’est difficile de résister à la tentation de gratter une peau si humide, surtout dans son sommeil ! 

 

La thermorégulation est sous le contrôle de l’hypothalamus, une glande située à la base du cerveau, et qui régule entre autre la sudation. Or, la sécrétion de cytokines (messagers entre les cellules) produites par la sécrétions des lymphocytes (types de globules blancs jouant un rôle important dans les défenses immunitaires), trouble l’hypothalamus empêchant son bon rôle.

Il est en fait normal d’avoir des problèmes de thermorégulation en sevrage, de suer beaucoup ou plus du tout, et cela finit par se remettre en ordre ! Il faut laisser au corps le temps nécessaire pour se ré-organiser sans cortisone de synthèse.

 

 

Astuces pour les nuits en sevrage :

 

 

Ainsi il n’y a pas beaucoup de remèdes miracles pour un bon sommeil en sevrage mais quelques conseils devraient aider :

  • Dormir avec un ventilateur, avoir un éventail avec soi ou des glaçons
  • Le papier essuie-tout ou serviette éponge en cas de grosses sueurs nocturnes
  • Dormir le cou le plus en lévitation possible sur l’oreiller, ne pas hésiter à le relever un peu
  • Pas de couverture trop chaude, certains dorment en sous vêtements
  • Evitez les alaises en plastiques qui font transpirer, privilégiez le 100% coton
  • Le linge de lit en 100% soie de mûrier apporte de la fraicheur et aurait des propriétés pour la peau
  • Aérez souvent votre chambre et secouez vos draps pour les acariens
  • Privilégier le coton, le lin, chanvre, soie de mûrier et autres matières naturelles comme textile
  • Stopper les mauvais sucres et éviter les aliments inflammatoires
  • Eviter un environnement humide
  • Se limer bien les ongles ou se faire poser des ongles en gel bien arrondis
  • Essayer une alimentation acido-basique car la transpiration acide gratte beaucoup plus, essayer d’avoir un PH neutre
  • Se reposer au maximum la journée
  • Souffler l’air d’un sèche cheveux chaud dans la couette avant d’aller dormir pour les personnes grelotant de froid. Possibilité de le faire aussi dans les vêtements.
  • Eviter tout irritant sur la peau de la journée quand vous allez dormir

 

Savoir ce qui se passe aide durant le sevrage

 

Vous avez surement fait le meilleur choix pour votre corps en arrêtant les corticoïdes de synthèse. Le sevrage est un tout, il permet au corps de se ré-équilibrer. Le corps sait se régénérer. C’est d’ailleurs pour cela que le sevrage des enfant est généralement plus rapide. Il faut être très patient et tout faire pour améliorer son confort. Par exemple, se pencher sur un changement d’alimentation est assez essentiel et apporte beaucoup d’aide aux inflammations durant le sevrage et favoriserons aussi vos nuits. Changer son linge de lit, sa matière de pyjama peut également être une bonne aide. Si vous sentez le moindre traumatisme se former, n’hésitez pas à consulter un psychologue pour éviter de l’ancrer.

Ecrit par : Olivia

A lire aussi : Red Skin syndrome (sources scientifiques)

Sources :

Physiologie du cortisol – Elsevier Masson

 

 

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