ASSOCIATION VDD

Comment savoir si je suis dépendant aux dermocorticoïdes ?

Cet article fait suite à de nombreux témoignages de personnes en Red Skin Syndrome.

 

La question de la dépendance aux dermocorticoïdes n’est pas simple.

 

En premier lieu, et c’est un des combats de l’association : reconnaitre que la dépendance des dermocorticoïdes existe, qu’elle est bien réelle et affecte un très grand nombre de patients. 

 

C’est une maladie à part entière appelée « dépendance aux dermocorticoïdes », connue aussi sous l’acronyme RSS : Red Skin Syndrome ou bien encore peau en feu.

 

Largement sous-estimée par le corps médical, méconnue par de nombreux généralistes et incomprise par les spécialistes, la maladie est donc inconnue de la plupart des patients.

 

Cette maladie est une conséquence directe de l’utilisation des crèmes à base de corticoïdes.
Cet effet secondaire est rarement abordé par le corps médical auprès du grand public.
Les notices d’utilisation bien qu’ayant évolués positivement depuis quelques années sont toujours déficientes sur l’explication du mécanisme d’action de ces produits et le risque de créer une dépendance physiologique.

 

 

Pour comprendre, intéressons-nous premièrement au mécanisme d’action de ces crèmes 

 

 

 

Le mécanisme d’action de ces produits repose sur la réduction de l’activité du système immunitaire. Les dermocorticoïdes vont diminuer la réponse immunitaire : en l’occurrence la réaction inflammatoire de la peau. 

 

L’utilisation de ces crèmes va provoquer une limitation des rougeurs engendrant une réduction des démangeaisons ce qui va mécaniquement favoriser le procédé de cicatrisation.

 

Et oui, l’effet anti-inflammatoire des dermocorticoïdes fonctionne. Tellement bien, qu’on peut considérer ces crèmes lors des premiers usages, comme un produit « miracle ».

 

Les dermocorticoïdes sont prescrits pour soulager le patient mais n’arrêtent pas le mécanisme de réponse immunitaire de votre corps lors d’une poussée d’eczéma. Quelque part, ces produits, vont étouffer l’incendie mais pas l’éteindre. A l’image d’une douleur quelconque, que l’absorption de paracétamol va venir atténuer mais sans avoir d’effet sur l’origine du mal.

 

 

La dépendance à ces produits est donc étroitement liée à leur usage d’où l’importance de la posologie.

 

 

Si vos symptômes d’inflammation ne sont pas liés à une crise passagère limitée dans le temps, que vous n’avez pas réussi à identifier l’origine de votre atopie, que vous n’avez pas trouvé les moyens de combattre, votre peau connaitra souvent une nouvelle inflammation. Dès l’arrêt de votre traitement, plusieurs semaines plus tard, voire plusieurs années.

 

A coup sûr, vous repartirez sur un nouveau cycle de traitement, qui avait si bien marché la dernière fois. On va peut-être vous faire essayer une nouvelle crème, toujours à base de corticoïdes plus ou moins forte. Le médecin vous préconisera peut-être d’intensifier les applications ou d’utiliser une crème plus forte ce coup-ci. 

 

C’est la posologie du médecin qui devrait éviter de rentrer dans ce cycle qui peut créer une dépendance physiologique. 

 

Chaque prescription devrait s’accompagner d’une date de fin de traitement. Elle y sera pourtant rarement indiquée sur l’ordonnance du patient. Pas plus qu’une limitation sur la dose à utiliser à chaque application ou par semaine. Un comble pour une posologie.

 

Bien heureusement, la plupart des patients ne vont pas entrer dans ce cycle infernal car leur eczéma va évoluer positivement, surtout chez les enfants et les nouveaux nés. Il se peut donc, que cet eczéma, traité par dermocorticoïdes sur une période courte et raisonnable, disparaisse totalement. 

 

D’autres connaitront une période d’accalmie jusqu’à l’adolescence voire l’âge adulte.

 

Certains entreront très jeunes dans ces cycles de traitement sans connaitre de période d’accalmie.

Il existe plusieurs formes d’eczéma et les causes sont multiples, elles peuvent se cumuler, ce qui le rend difficile à combattre. De même, chaque individu, chaque peau pourra réagir différemment. Il faut savoir que même à notre époque nous ne savons pas encore tout des maladies de peau, ce qui rend la guérison complexe.

 

Se rendre compte que quelque chose ne va pas est déjà un bon indicateur.

 

 

 

Il faut comprendre que cette dépendance peut se créer rapidement chez certaines personnes ou être un processus lent chez d’autres. Cette dépendance ne sera pas forcément liée à la quantité de crème utilisée, ni à la fréquence des applications, ni à l’espacement entre les deux dernières phases de traitement. Elle sera variable d’un individu à un autre.

 

Pour savoir si vous êtes dépendant aux dermocorticoïdes, il faut donc vous interroger sur votre historique avec les crèmes à base de corticoïdes, revenir quelque part à votre première fois, à votre parcours de soin depuis son origine : à quel âge avez-vous commencer à utiliser ces traitements ? quelle fréquence ? Quel dosage ?

 

Ce travail d’introspection, vous pouvez le mener seul mais aussi avec votre médecin et l’interroger sur cette dépendance. Cette prise de recul vous amènera à vous questionner sur votre rapport avec l’application de ces crèmes mais aussi l’évolution de l’état de votre peau au fil des années, de votre atopie, de votre eczéma.

 

Si vous êtes arrivés sur le site de l’association des Victimes Des Dermocorticoïdes (VDD), c’est que vous vous posez déjà des questions pour vous ou pour vos proches et que vous êtes à la première étape de la démarche, l’étape clé : la prise de conscience. 

 

 

Cette prise de conscience est nécessaire et vous apportera une première réponse si vous vous interrogez sur votre dépendance aux dermocorticoïdes.

 

 

 

Car parvenir à différencier votre eczéma à vos plaques étendues directement liées à cette nouvelle maladie (l’addiction aux dermocorticoïdes) n’est pas aisée. La méconnaissance de cette maladie à l’heure actuelle peut aussi pousser votre spécialiste de santé à poser le mauvais diagnostic et considérer l’état de votre peau comme un eczéma généralisé. 

 

Commencez par essayer de répondre à ces questions :

  • « A quoi ressemblait mon eczéma lors de mes premières poussées ? »
  • « Comment a-t-il été traité ?»
  • « Est-ce que mes plaques se sont étendues au fil du temps ? » 
  • « Ai-je maintenant des plaques à des endroits où je n’en avais jamais eu jusqu’alors (et plus seulement dans les plis, coudes, genoux,)? » 
  • « Est-ce que les poussées sont plus fréquentes ? »
  • « Et les périodes d’accalmie plus réduites ? » 

 

Un autre moyen d’avoir une réponse à la question de la dépendance est d’arrêter l’utilisation de tous les dermocorticoïdes pendant une longue période. 

 

 

Vous allez alors développer en cas de dépendance les symptômes suivants à un degré divers suivant votre parcours :

 

 

  • Votre peau est plus rouge que d’habitude
  • Elle devient plus fragile, très peu épaisse, se déchire, 
  • Vous perdez énormément de peau, elle desquame, en permanence,
  • Elle devient hypersensible, vous ne supportez plus rien au contact de votre peau,
  • Elle peut suinter sur certaines zones : du liquide transparent ou jaunâtre,
  • Vous connaissez davantage de démangeaisons,
  • Vous pouvez connaitre des sensations de chaleur, de brûlures, des problèmes de thermorégulation,
  • Vos yeux sont secs et irrités,
  • Et des périodes d’insomnie et tout ce qui en découle sur votre état physique et psychologique.

 

Tous ces symptômes trahissent les effets de l’addiction de notre corps à ces produits.

 

Les effets de la maladie peuvent aussi être totalement absents dans un premier temps et vous n’allez pas visualiser les symptômes dans les premiers jours. Ils vont se développer quelques semaines plus tard. On parle aussi de « slow burner » pour les personnes dont les effets de dépendance vont mettre du temps à apparaitre (plus de 6 mois après l’arrêt par exemple). D’autres patients auront déjà ces premiers symptômes pendant leur traitement, signe qu’ils sont déjà fortement dépendants et que leur corps leur réclame une dose plus forte.

Certains vont développer les symptômes d’addiction quelques semaines après l’arrêt, d’autres plusieurs mois, mais comme toute addiction, notre corps va nous faire ressentir ce manque. 

 

Une fois que vous aurez vos réponses, vous pourrez alors mener un sevrage, devenu impératif.

 

L’association sera là pour vous guider dans ce sevrage, vous accompagner, vous ne serez pas seul.

 

Et après parfois un long, voire un très long parcours, vous serez guéri.

 

 

 

Article : Benjamin

 

Photos libres de droit dans l’ordre : Mary Koval
Pawel Czerwinski
Kelly Sikkema
The 77 Human Needs System
Michael Jasmund

Lire aussi : Histoire de la cortisone
et Qu’est ce que la maladie de la peau rouge (sources scientifiques)

 

 

 

4 commentaires

  • Laura Roma dit :

    Bravo très bien expliqué ♥️

  • Bertin dit :

    Oui je suis bien atteinte d’un red skin syndrom … apparu après 20 ans de traitement à base de cortisone. Tout y est !

  • Armelle dit :

    Bravo pour cet article. J’aurais aimé le savoir avant…

  • Lou dit :

    Je me reconnais, tout est là sous mes yeux. Je me rends compte seulement trois ans après avoir guérie de ce qu’il s’est vraiment passé durant ce long parcours. Et je constate à quel point c’est répandu et toujours aussi mal en pris en compte par les médecins.
    Merci pour votre travail !

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